Pépère n°13 – « Drapeaux en berne ! »

Il y a tout juste un mois, le samedi 19 mars, la ligne rouge de l’incorrection et du déshonneur a été franchie dans notre commune, lors de la journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires  de la guerre en Afrique du nord.

Ce jour-là, les anciens combattants du comité de la FNACA du Valromey (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Afrique du nord) ont sollicité notre commune pour célébrer cette commémoration cantonale devant le monument de la stèle, perpétuant ainsi la tradition républicaine.
La Conseillère Régionale, la Conseillère Départementale et la Présidente de la Communauté de Communes Bugey Sud ont souhaité honorer la cérémonie de leur présence.
Excusez du peu ! Le gratin de nos instances locales s’était officiellement déplacé, ce qui démontre l’importance de l’événement et sa portée régionale.

Par décence et respect des conventions, chacun avait revêtu, pour la circonstance, ses habits de cérémonie.
« Normal , me direz-vous, d’être correctement habillé, ne serait-ce que par politesse et déférence envers nos anciens valeureux soldats.»  

Normal, bien sûr . Et vous avez raison….Mais pas pour tout le monde !

Ainsi, dans le cortège, un quidam n’avait manifestement pas pris conscience de la portée de l’  événement. A croire que ce samedi matin, il s’était réveillé en retard, avait enfilé, en hâte, ses brailles de la veille, comme s’il partait à la pêche au gardon dans le Séran ! Même l’écharpe tricolore, qu’ il arborait crânement, n’arrivait pas à masquer le négligé de sa tenue vestimentaire.  

Et pourtant, la main sur le cœur et avec grande assurance, notre quidam mal fagoté s’était engagé, auprès des anciens de la FNACA, à assurer le bon déroulement de la journée, laquelle serait célébrée comme il se doit, dans le respect des conventions et de la pure tradition républicaine.

Enthousiasme spontané d’un feu de paille et belles paroles civiques qui ne vécurent …que le temps de les prononcer !
Car, c’est bien connu, « les promesses n’engagent que celui qui les écoute et non son auteur », maxime favorite du flagorneur qui en use et en abuse sans vergogne, avec toute l’inconscience de sa bonne mauvaise foi.

Mais le chant du pipeau, aussi mélodieux soit-il, ne dure qu’un temps. Un jour ou l’autre, et ce n’est que justice, les dures lois de la réalité rattrapent inévitablement le  Pipeauteur.
Ce samedi 19 mars en apporta la preuve flagrante. Chacun put se rendre compte, à des degrés divers, des couacs et fausses notes du joueur de piccolo, qui, manifestement, ne connaissait pas sa partition.
Pour commencer, il sauta le premier acte, loupant, de fait, le début de la cérémonie qui se déroulait au cimetière de Brénaz. Entrée en scène foireuse et minable qu’il aurait souhaité discrète, mais qui  bien entendu, a été remarquée par tous !

La suite ne fut qu’une succession d’erreurs, d’approximations, de manquements aux règles élémentaires de la bienséance, apportant ainsi la démonstration flagrante, s’il en était encore besoin, du manque de considération accordée à cette journée de commémoration et de recueillement.

Symphonie que chacun aurait souhaité héroïque, mais qui ne fut, hélas, que pathétique !

• Pas d’invitations envoyées aux élus ni aux associations  de la commune !

• Pas de présence des membres du Conseil Municipal des Jeunes !

• Pas de sonorisation devant le Monument aux Morts !

• Pas de dépôt de gerbe de la commune aux côtés de celle de la FNACA !

• Pas de discours en hommage à nos valeureux anciens combattants, si ce n’est  quelques banalités bredouillées à la va-vite, avec, en point d’orgue, une invitation à « prendre l’apéro »…..sauf que, là aussi, rien n’était prévu puisque, après le premier verre servi à 12 personnes, les anciens combattants ont dû assurer le service, faute de personnel communal !

Symphonie pathétique, qui résonne comme une injure et une offense envers les nombreuses victimes de ce conflit fratricide, envers les personnalités régionales présentes, envers nos cinquante anciens combattants regroupés au  pied du monument aux morts, cinquante héros de notre canton arborant fièrement leurs drapeaux tricolores, bafoués, dupés et  contraints de chanter l’hymne national « à capella » , par manque de sonorisation !

Symphonie pathétique, qui laisse le goût amer de la honte et de l’ indignité à l’encontre de générations d’ hommes et de femmes, au dévouement total, qui ont écrit les  pages de notre Histoire et à qui nous devons notre grandeur et notre liberté.

A l’occasion de cette journée de commémoration du 19 mars, où, à nos portes, à portée de missiles, un peuple tout entier, arc-bouté sur ses valeurs et uni derrière son Président exemplaire, lutte, souffre et meurt pour sauvegarder ses racines et sa liberté face à l’ envahisseur, il eut été judicieux que notre commune honore avec dignité nos valeureux anciens combattants,  démontrant ainsi, haut et fort à la face du monde, son attachement au respect des valeurs humaines.

C’eût été un bel hommage républicain!

Tel ne fut pas le cas et je le déplore !

En attendant les jours meilleurs, prenez bien soin de vous !