Pépère n°2 – Le pavé dans la mare… aux canards !

Le pavé dans la mare… aux canards !
Pépère
« Le canard est un oiseau miraculeux :
il sait marcher, il sait voler, il sait nager et il sait plonger ! »
NDLR : conseil municipal d’Artemare du 14/09/2020
horodatage 1 heure 3 minutes 46 secondes
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Dixit l’envolée lyrique d’un conseiller de la majorité municipale, lequel, en réponse
à une consœur de la minorité, s’est mué en farouche défenseur de ce noble volatile.
Je ne doute pas un seul instant de l’élan sincère et humaniste de cet élu pour sublimer et porter haut les couleurs de cette belle volaille de nos basses-cours. Après tout, chacun est libre de glorifier l’idole de son choix.
Toutefois, sa soudaine dévotion mystique pour l’emplumé du poulailler, aussi noble soit-elle, me laisse à la fois perplexe et pantois.
Manquerait plus, qu’au beau milieu de la salle du conseil, il entreprenne la fameuse danse des canards « qui en sortant de la mare, se secouent le bas des reins et font Coin-coin ! », entraînant ses collègues dans une folle farandole granguignolesque.
Avouez quand même que cette scène surréaliste vaudrait son pesant de cacahuètes !
Les citoyens se précipiteraient alors aux séances du conseil municipal, dans l’espoir d’assister aux spectacles délirants de cette troupe de French-coin-coin, plus à l’aise pour lever la gambette que pour gérer les affaires communales.
« Gloire et honneur au canard, élevé au rang de dignitaire de la commune d’Artemare ! »
A présent, j’ai presque honte d’avouer mon penchant épicurien pour ce délicieux palmipède, dont les recettes ancestrales, transmises par nos anciens, qui les tenaient eux-même de leurs aïeux depuis la nuit des temps, ont contribué pour une large part à la renommée mondiale de la gastronomie française.
Désormais, je ne regarderai plus de la même manière ma tranche de foie gras aux truffes accompagnée de sa compotée d’oignons, le subtil magret au miel et aux cèpes ou la cuisse confite enrobée de ses fondantes pommes de terre à la sarladaise.
Mais, hélas, la réalité est toute autre. L’ambiance des réunions du conseil municipal n’est pas à la franche rigolade. Et si j’osais un trait d’humour facile, je dirais même que ça canarde dur à la Mairie !
Les nouveaux arrivés ont envahi les lieux en conquistadors arrogants, piétinant dix neuf années de gestion rigoureuse. Au mépris de la bienséance et des convenances élémentaires du droit commun et administratif, ils ont relégué les trois représentants de la minorité au rang de simples figurants, ne leur offrant, par obligation légale, qu’un ridicule strapontin en fond de salle.
Dans leur délire hégémonique, ils sont allés jusqu’à remplacer les ordinateurs et les téléphones. Des fois que les « autres », avant de partir, aient dissimulé quelques micros et bidouillé un fumeux système d’espionnage, comme dans les films de James Bond.
Cette dérive paranoïaque prêterait à rire, si, dans l’attente de la mise en service de la nouvelle ligne téléphonique, la mairie ne s’était trouvée, brutalement, coupée du monde extérieur pendant trois semaines !
Trois longues semaines durant lesquelles toutes les communications et rapports professionnels, mais aussi les échanges avec les citoyens de la commune, furent impossibles. Avec le recul, on peut être soulagé qu’aucun incident majeur ne soit arrivé durant cette période.
La seule conséquence positive de cette lamentable histoire fut la baisse de quelques centimes d’euro de la facture téléphonique grâce aux appels n’ayant pas pu être passés. Ainsi, dans son bilan, l’équipe municipale pourra s’enorgueillir, malgré elle, d’avoir enclenché le processus de réduction des dépenses municipales, honorant une de leurs promesses électorales par le pur des hasards.
Et, pour les encourager dans cette démarche, je leur suggère d’équiper les véhicules municipaux de moteur à gazogène, comme au bon vieux temps d’après-guerre où le code de l’honneur dictait les actes de la vie publique et privée !
