Pépère n°5 – « Bas les Masques ! »

« Bas les Masques ! »
Pépère
Il fallait s’y attendre : le virus est arrivé à Artemare !
Mais ce n’est pas le virus chinois originel, dont on ne sait toujours pas s’il doit la vie au doux pangolin aidé par la méchante chauve-souris, ni un de ces vicieux mutants anglais, brésilien ou sud-africain.
Notre virus « à nous » est parfaitement identifié et vient d’un petit insecte qui sévit en Afrique centrale : la mouche Tsé-tsé.
Et, comme ses sinistres compères de triste renommée mondiale, Il provoque des symptômes spécifiques qui permettent son identification.
Dans un premier temps, le patient atteint du virus tsé-tsé, développe une perte partielle de mémoire, en toute bonne mauvaise foi ou « à l’insu de son plein gré », pour reprendre la phrase culte d’un ancien cycliste, pris la main dans le pot de confiture du dopage.
Ensuite, le virus tsé-tsé engendre l’absence de goût. Mais pas le goût au sens où on l’entend habituellement, c’est à dire la perception de la saveur des aliments. Non . Le virus tsé-tsé s’identifie par la perte du goût… au travail !
En clair, il déclenche chez le patient une envie de dormir, une grande fatigue avec une incapacité de ses neurones à reprendre une activité normale. C’est ce que les spécialistes appellent la flémingite aiguë.
Un vieil ami corse me confiait que dans son île, contaminée par la Covid tsé-tsé depuis des siècles, une seule personne en était décédée. Elle était tellement flemmarde qu’elle avait oublié de respirer !
C’est à partir de ce constat que nous pouvons affirmer que la majorité de nos élus municipaux est bel et bien infectée par le virus tsé-tsé.
Sinon, comment expliquer leur comportement apathique, leur manque de dynamisme et de volonté à assurer leur programme de gestion de la commune ?
Et comment ont-ils, si rapidement, oublié leurs belles promesses électorales ?
« On allait voir ce qu’on allait voir ! », clamaient-ils haut et fort dans leurs meetings, inventant, du haut de leur arrogante pédanterie, des incroyables erreurs de gestion de la précédente équipe municipale.
Ces preux chevaliers, déguisés en Zorro justiciers, drapés dans des habits de lumière trop grands pour eux et brandissant leur flamboyante épée de pacotille, ont semé une illusoire espérance dans l’esprit de nos concitoyens attirés par l’espoir d’un hypothétique renouveau.
Mais l’habit ne fait pas le moine et celui qui le revêt n’en endosse pas, pour autant, les qualités morales qu’il symbolise.
Alors, le lendemain de la fête, lorsque la brume dissipe les promesses sirupeuses, la dure réalité se révèle et laisse dans les esprits le goût amer de la désillusion.
« On allait voir ce qu’on allait voir ! »
En effet, on a bien vu… qu’il n’y avait rien à voir !
Coupés dans leur élan par la Covid tsé-tsé, contaminés par une flémingite de plus en plus aiguë, leur bel élan s’est dégonflé comme un ballon de baudruche, révélant, après une année de gestion, le constat pitoyable et navrant de leur bilan.
Il ne reste, de leur triste et lamentable épopée, que le Z de la signature, qui veut dire Zéro, reflet de la médiocrité de leurs actions :
- Zéro pour la micro-crèche fermée quinze jours par mauvaise gestion du personnel !
- Zéro pour la bibliothèque fermée pendant six mois !
- Zéro pour les téléphones de la mairie et des écoles coupés durant trois semaines!
- Zéro pour le site internet municipal quasiment vide !
- Zéro pour l’indolence dans la gestion des finances courantes !
Les factures d’eau 2020, source de recettes municipales, viennent d’arriver dans nos boites aux lettres avec 3 mois de retard, paradoxe singulier en cette période de disette budgétaire. - Zéro pour la lenteur à mettre en place le Conseil Municipal Jeunes qui n’a pas encore été présenté !
- Zéro pour la décision de ne programmer qu’un seul Conseil Municipal par trimestre, amplitude minimum obligatoire entre deux réunions, qui confirme leur flemmardise !
- Zéro pour la désinvolture et l’incapacité à préserver les acquis de la commune, en particulier le maintien d’une classe menacée de fermeture.
En revanche, Vingt sur Vingt et bravo au courage et au formidable travail des parents d’élèves, qui ont pris à bras le corps le problème délaissé par des élus municipaux dépassés, lesquels ne méritent pas mieux qu’un double Zéro avec la tête à toto en prime, dessinée à la craie sur le tableau noir, par nos petits écoliers qu’ils ont abandonnés !
Dans ses conditions, lorsqu’on n’a rien fait, donc rien à dire qui soit digne d’intérêt, remplir les quatre pages d’un bulletin municipal devient une gageure.
J’attribue donc l’ultime Zéro aux concepteurs du dernier numéro, lesquels, toutefois, ont fait preuve d’imagination pour avoir pondu des articles insipides, dont le seul mérite est d’éviter de laisser les pages blanches.
Pour les aider dans leur future démarche, je leur propose de publier, en page une de la prochaine édition, la recette du bœuf bourguignon de Mémère, véritable trésor de saveurs et de félicité gustative.
En page intérieure gauche, je leur suggère de compléter le trombinoscope de la sympathique et compétente équipe des employés municipaux, par l’ajout des portraits des agents féminins, injustement «oubliés» dans le dernier bulletin. Il s’agit certainement d’une stupide étourderie de leur part, car je n’ose croire à un réflexe misogyne.
Sur la page de droite, un dessin à colorier de Zorro et du sergent Garcia, donnerait l’occasion à nos petits chérubins de démontrer leurs talents d’artiste, offrant aux parents, pendant le temps du coloriage, quelques instants de tranquillité, bienvenus en ces temps de confinement forcé.
Enfin, la quatrième page pourrait contenir quelques grilles de mots croisés et de «sudoku ». Les solutions ne seraient révélées que dans le numéro suivant, histoire de donner aux éventuels lecteurs un intérêt de lire la prochaine prose municipale.
En attendant, prenez bien soin de vous et …sortez masqués !

